Aurais-je envie de me faire la malle et de partir au soleil pour fêter Noël ? Ça se pourrait, mais ce n’est pas la raison qui m’incite à prendre la plume pour vous parler de Noël au Mexique. Parce que c’est de saison ? Certes, ça l’est au moment où j’écris ces lignes, ce ne le sera peut-être plus au moment où vous les lirez.
Pourquoi alors écrire un article sur les festivités mexicaines de fin d’année ?
Eh bien, tout simplement parce qu’elles ont une place importante dans le roman dont je suis en train de préparer la trame. L’histoire n’abordera que très peu Noël, mais c’est dans cette fête que le phénomène déclencheur prend racine, et ça c’est crucial.
J’avais donc besoin de me remémorer ce que j’ai moi-même vécu dans ce pays pendant cette période, tout en ajoutant quelques recherches pour m’assurer que mes sentiments ne me conduisaient pas sur une fausse piste quant à l’interprétation de mes observations, les traditions étant différentes d’un pays à l’autre.
Cet article, c’est donc une base de travail, l’occasion pour moi de replonger dans les us et coutumes mexicains pour mieux en imprégner le personnage principal de mon roman, Antonio. Mais c’est aussi l’occasion d’écrire quelques lignes sur la culture mexicaine, le Web francophone est très pauvre au sujet des fêtes de fin d’année dans le pays.
Allez, c’est parti !
Plantons le décor
Mon seul et unique voyage au Mexique, je l’ai fait pendant ma parenthèse nomade en Amérique. Un voyage en famille d’une année pendant laquelle j’ai consacré 3 mois à la visite du plus grand pays d’Amérique centrale.
Nous sommes arrivés par la route depuis les États-Unis le 20 décembre 2017. Passage de frontière à Eagle Pass au Texas. Traversée du Rio Grande, tout un symbole. C’est un mercredi ensoleillé. Nous entrons dans le pays alors que les festivités battent leur plein. En effet, elles commencent ici dès le 12 décembre, date de la fête de la Vierge Notre-Dame de Guadalupe et jour férié.
Jusqu’à la veille du 6 janvier, nous nous situons à l’intérieur des terres, sur les hauteurs du plateau mexicain, donc entre 1100 mètres et 2000 mètres d’altitude. L’altitude s’élève au fur et à mesure que nous avançons vers le sud. Si le temps est ensoleillé, la chaleur n’est pas au rendez-vous. Les températures restent agréables en journée, bien plus fraiches à la nuit tombée. Enfin bref, il n’est pas question pour nous de bronzer sur une plage paradisiaque, cocktail à la main.
Pourquoi je prends la date butoir du 6 janvier ? Simplement parce que selon la tradition, c’est l’Épiphanie qui marque la fin de la période festive. Cette date reste très importante au Mexique où la population est encore très attachée à la religion catholique. La fête des Rois mages est d’ailleurs aussi un jour férié.
Pendant nos 17 premiers jours au Mexique, nous assistons donc à une période de liesse dans les villes où nous nous arrêtons. Sur ces deux grosses semaines, nous parcourons plus de 2400 km et visitons notamment San Miguel de Allende et Guanajuato, deux villes coloniales du nord du Mexique.
Les décorations de Noël au Mexique
Comment se manifeste Noël dans la rue ? dans ce qui est observable par les visiteurs que nous sommes ? Quel décor accompagne Noël dans le paysage mexicain ?
Comme en France, on va retrouver des illuminations dans les villes (en moindre quantité toutefois), de grands sapins décorés sur les places centrales (zocalos) et devant les églises.





Qu’est-ce qui diffère ? Les nombreuses crèches présentes un peu partout, dans les églises bien sûr, mais également en plein air. Certaines grandeur nature avec de vrais animaux de la ferme.


Enfin, on sait que c’est Noël au Mexique parce que partout dans les rues et en bord de route, on trouve des marchands de la flor de Nochebuena, littéralement la fleur de la nuit sainte, davantage connue chez nous sous le nom de « étoile de Noël » ou encore poinsettia. Ses feuilles centrales rouge vif emplissent de joie et répandent la gaieté partout où elles se trouvent. Lorsque je me remémore ce Noël passé au Mexique, c’est d’ailleurs la flor de Nochebuena qui me revient à l’esprit en premier 😊


Les animations pour les fêtes
De nombreux marchés nocturnes ou diurnes mais exceptionnels sont organisés et bloquent régulièrement la circulation dans les centres-villes, ce qui nous a valu quelques frayeurs pour retrouver notre chemin dans les méandres des toutes petites ruelles à bord du camping-car.

Ces marchés ne ressemblent toutefois pas vraiment à ce que l’on appelle chez nous des marchés de Noël. En effet, on y trouve beaucoup plus d’étals de nourriture que de stands pour acheter des cadeaux.
Alors, ce n’est quand même pas le marché de consommation courant non plus ! Pas de maraîcher, de boucher ou de fromager. On y achète de la nourriture prête à consommer : ici des pâtisseries, là une boisson à base de cacao, là des fruits coupés, des jus de fruits frais, de la brioche, des glaces ou des sauterelles grillées, des barbes à papa. Des douceurs à partager en famille.
Et puis des stands et marchands ambulants dédiés aux enfants, avec des ballons gonflables notamment.



À San Miguel de Allende, un groupe de musiciens se produit devant la cathédrale, l’occasion de participer à un grand bal populaire avant ou après avoir fait un petit tour à l’église.
Noël au Mexique : une fête familiale
Vous allez me dire, eh bien, c’est comme chez nous ! Noël est une fête familiale. Bon OK, je suis d’accord avec vous. Sauf qu’une fois que l’on a vu comment ça se déroule là-bas, on peut se dire que l’on a perdu le sens de ce qui est « familial » chez nous.
D’une part, notre fête de famille de limite au réveillon du 24 décembre et au jour de Noël. Au Mexique les festivités commencent dès la fête de la Vierge Notre-Dame de Guadalupe, le 12 décembre donc, s’intensifient avec les posadas du 16 au 25 décembre et durent jusqu’au 6 janvier.
Ah oui, les posadas, qu’est-ce que c’est ?
Pendant les 9 jours qui précèdent Noël sont organisées les posadas, des retrouvailles en famille et entre amis qui sont censées rappeler le voyage de Marie et Joseph de Nazareth à Bethléem. Je n’ai pas eu l’occasion d’observer cette tradition, il aurait fallu vraiment entrer dans l’intimité des Mexicains, chose impossible à faire en si peu de temps dans le pays.
Pendant ces trois semaines festives, les membres d’une même famille sortent régulièrement tous ensemble pour prendre une collation sur le marché, pour danser au son des orchestres dans la rue. Mais la famille, c’est bien plus que parents et enfants, c’est la famille élargie, avec les grands-parents, les oncles et les tantes, les cousins… Ce sont systématiquement trois voire quatre générations qui se promènent main dans la main.
On achète beaucoup pour les enfants : un ballon par ci, un jouet par là, des pâtisseries et des sucreries… Nous avons d’ailleurs noté que les papas sont très présents pour leurs bambins. Mais ça, c’est tout le temps, et pas qu’à Noël.
Bref, ça fait du monde dans les rues. Et des gens heureux, souriants, qui prennent soin les uns des autres. L’ambiance est chaleureuse, bienveillante, insouciante.
Le soir du réveillon de Noël, les enfants cassent la piñata remplie de fruits frais et secs, de bonbons et autres sucreries en attendant que le petit Jésus dépose un paquet le 25 au matin.


Ici la fête reste profondément marquée par la chrétienté et le père Noël n’a pas encore sa place (hormis dans quelques centres commerciaux des régions les plus soumises à l’afflux d’étrangers comme le Yucatan). Les enfants auront aussi de l’argent dans leur soulier à l’Épiphanie. Mais de cela, je n’ai rien vu non plus. Cela fait partie de mes résultats de recherches qui seront certainement réutilisés dans le roman 😉
Et puis, c’est une fête tellement importante pour les familles que de nombreux émigrés rentrent au pays pour Noël. C’est ainsi qu’une proportion non négligeable des habitants des états du sud des États-Unis (de la Californie à la Floride, via le Nouveau-Mexique et le Texas) « descendent » à toute vitesse retrouver leurs proches dans leur SUV flambant neuf chargé de cadeaux, témoin de leur réussite de l’autre côté du Rio Bravo.
En passant la frontière le 20 décembre, nous avons été pris dans cette transhumance frénétique de Mexicains devenus très États-Uniens.
Une période festive marquée par la religion catholique
La fête de la Vierge, les posadas, le petit Jésus le 25 décembre, les rois mages le 6 janvier, vous l’avez compris, Noël au Mexique, c’est avant tout une fête religieuse. Ici on fête la nativité. Pour l’occasion, les églises sont en permanence fleuries avec la flor de Nochebuena, bien évidemment, mais pas seulement.



Elles sont également très visitées. Mais cette ferveur ne s’accompagne pas des rigueurs et de la bienséance européenne en matière religieuse. Personne ne s’offusque ici d’un pantalon un peu près du corps ou d’une jupe courte. On entre et on sort, on déambule dans l’édifice sans marcher sur des œufs, on parle, on rit, on mange. Dans la maison de dieu, on fait comme chez soi en somme.
C’est aussi une période privilégiée pour sacraliser les moments importants de la vie. À Guanajuato, tout au long de la journée où nous en faisons la visite, le curé distribue les sacrements à tour de bras.
Dans la cathédrale, les messes s’enchainent. Sur le parvis, c’est un ballet de robes blanches toute la journée. En début d’après-midi les bébés sur le point d’être baptisés dans les bras de leurs parents, plus tard des adolescents qui attendent d’être communiés ou confirmés et enfin vient le tour des mariés sur la soirée.
Des moments festifs et joyeux, c’est ce que j’aurais aimé retenir de ce Noël passé au Mexique. Malheureusement, ce n’est pas la première image que nous en avons eu.
Pour quantité de Mexicains qui vivent dans le plus grand dénuement, cette période donne l’occasion de faire appel à la charité chrétienne. Tout concourt à ce que les plus aisés soient davantage disposés à offrir quelques pièces, une boisson, quelque chose à manger aux plus démunis.
C’est ainsi que la pauvreté s’exhibe et s’étale, notamment sur le bord des routes menant des États-Unis vers le cœur du pays.
Lors de notre arrivée au Mexique, ce sont donc des kilomètres et des kilomètres de femmes et d’enfants en haillons qui mendient sur les bas-côtés. Ils tendent leur bras au bout duquel une casquette sert à recueillir l’aumône qu’un migrant de retour au pays aura la bonté de jeter par la fenêtre.
Notre arrivée au Mexique en période de Noël fut brutale.
Toutefois, cette expérience nous a révélé beaucoup de choses sur la société mexicaine, que nous n’aurions probablement pas vues si nous avions traversé la frontière quinze jours plus tard. Parce qu’au retour, au mois de mars 2018, il n’y avait plus personne sur les bas-côtés qui attendait la charité.
De la réalité à la fiction
Je vous ai donc révélé aujourd’hui d’où vient une partie de mon inspiration pour ce premier roman et pour ce qui va en déclencher l’intrigue. Les photos prises à l’époque constituent un puissant exhausteur de souvenirs : je regarde un de ces clichés et beaucoup me revient en mémoire, l’ambiance, le son, les odeurs, les regards, les sourires.
Évidemment, je ne dévoilerai rien de plus !
ou très peu.
Si je vous disais exactement quels éléments de cet article vont entrer dans l’écriture de l’histoire, je risque fort de déflorer le sujet. Alors motus !
Et puis, finalement, je n’en suis qu’à la préparation de la trame, alors qui sait ce qui peut se passer lorsque je vais vraiment entrer en phase d’écriture ? On sait bien que la plume vagabonde et fait ce qu’elle veut !
Un passage du livre sera lié à la période de Noël au Mexique, c’est certain. Mais même si ce moment festif est à l’origine de l’histoire, il ne sera pas placé au début du livre. Ce serait bien trop linéaire et prévisible 🤣
Aimez-vous connaître les coulisses de l’écriture ?
D’autres articles issus de mon travail préparatoire vous intéressent ?
Dites-moi tout en commentaire !
Hâte de découvrir ce roman, alors, parce que l’évocation de ces fêtes au Mexique, familiales et colorées, est très attrayante en soi. Bravo pour cet article qui m’a donné envie de découvrir tout ça par moi-même !
Merci pour ton passage Virginie !
Oh, 2 choses à rajouter à ta série de bucket lists alors :
1/ aller au Mexique pour les fêtes
2/ lire mon roman à paraître
Cet ordre est plus probable que l’inverse vu tous les projets que j’ai sur le feu… mais sait-on jamais, je suis justement en train de me préparer mes listes 2021, peut-être arriverai-je à y caser l’écriture et la publication d’un roman avant Noël prochain !
Merci pour cette teletransportation dans cette contrée que j’affectionne. Je n’ai passé qu’un seul Noel au soleil, c’etait en Colombie. Des similitudes avec les ambiances decrites ici bien sûr. Et ca donne envie pour ton roman! 😃
Qu’un seul Noël au soleil, mais j’imagine plusieurs Noël à l’étranger dont l’Irlande !
Tiens, d’ailleurs j’aimerais bien savoir comment se passe un Noël sur l’île d’Emeraude. Tu n’as pas écrit d’article sur ce thème si ?
Que de chouettes souvenirs! Et je comprends qu’ils t’inspirent pour ton roman situé au Mexique. Pour les fêtes de Noël comme tant d’autres moments, l’expérience de l’étranger nous éclaire sur notre propre manière de vivre, nos propres traditions. Rien n’est « acquis ». Merci pour cet article.
Merci à toi pour ta lecture Caroline !
Tout le roman ne se passera pas au Mexique 😉
Le personnage principal « voyagera ». Son besoin de partir prend sa source dans les fêtes de Noël…